Page:Mirecourt - Théophile Gautier.djvu/45

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Montre le poing et fuit emportant son pendu.
Le corbeau qui croasse et flaire la charogne
Fouette l’air lourdement, et de son aile cogne
Le front du jeune homme éperdu.

On arrive. Satan préside la fête, et le sabbat commence. La scène est d’une magnifique et sublime horreur.

Pour ne rien voir, le ciel ferma ses yeux d’étoiles,
Et la lune, prenant deux nuages pour voiles,
Toute blanche de peur de l’horizon s’enfuit.

Or, au milieu des ébats impurs et des rondes échevelées de la troupe infernale, Albertus vient à prononcer étourdiment le nom de Dieu.

À peine eut-il lâché le saint nom que fantômes,
Sorcières et sorciers, monstres follets et gnômes,
Tout disparut en l’air comme un enchantement.
Il sentit plein d’effroi des griffes acérées,
Des dents qui se plongeaient dans ses chairs lacérées ;
Il cria : mais son cri ne fut point entendu…