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Page:Mirecourt - Victor Hugo.djvu/6

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dents rayons cette jeune tête enthousiaste, d’où la poésie déborda bientôt comme d’une source féconde :

Avec nos camps vainqueurs, dans l’Europe asservie
J’errai, je parcourus la terre avant la vie ;
Et tout enfant encor, les vieillards recueillis
M’écoutaient, racontant d’une bouche ravie
Mes jours si peu nombreux et déjà si remplis.

Mes souvenirs germaient dans mon âme échauffée ;
J’allais, chantant des vers d’une voix étouffée ;
Et ma mère, en secret observant tous mes pas,
Pleurait et souriait, disant : « C’est une fée
     Qui lui parle et qu’on ne voit pas ! »

À quatorze ans et quelques mois, Victor Hugo concourut pour un prix académique. Il obtint seulement la première mention honorable, et cela par une susceptibilité bizarre de messieurs les Quarante. On prétendit que le candidat, en se donnant cet âge, s’était moqué de ses juges. L’Académie