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Ma chambre s’ouvre sur la montagne. Une cascade coule, admirable et droite comme une épée. Où es-tu, Bayard ?… je te ferai chevalier d’un coup de cascade.

Jules Laforgue « le miracle des Roses ».

Weber, tes valses, l’orchestre du casino les joue sous les arbres du parc. Je vois en rêve tourner des crinolines et le bal Mabille au son des opérettes.

J’ai demandé des fox-trot, mais je n’ai pu les entendre, trop malade encore.

Du reste, on ne guérit pas, dit Germaine.

« Toujours, bien que tu aimes d’autres femmes, tu porteras mon souvenir en toi. »

Je suis vraiment damné.

Naturellement, elle ne m’écrit pas. Que se passe-t-il, Thérèse aussi m’avait promis des nouvelles, mais rien. L’angoisse d’une lettre me prend souvent en pleine montagne, alors, au pas de course je regagne l’hôtel, je vois l’enveloppe, l’écriture, le timbre de la belle Italie. Je demande, avec un grand sourire, au concierge, qui me remet généralement une facture, ou la carte postale de n’importe qui.

C’est une chose affreuse dont je n’avais pas idée, je végète en attendant un mot de Germaine. C’est pire, certes, que d’être un pauvre et d’attendre dans une rue, où il ne passe personne, l’aumône.

Je suis le plus pauvre d’entre les pauvres. J’adore Germaine et Germaine me manque. Seigneur, quel étroit domaine est le mien ! Quelle oubliette ! Par où sortir, je meurs d’amour comme on étouffe.


juin. — Toujours pas de nouvelles.

Maman elle-même, me dit qu’elle n’y com-