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REVUE DU MONDE MUSULMAN

Faut-il chercher une corrélation entre ces tentatives et l’attitude du Nawab Syed Mohammed à Luknow ? Quoique successeur de Sir Syed Ahmed au Conseil du Vice-Roi, l’adversaire de la représentation des musulmans par communauté, appartient-il simplement aux idées conservatrices ? Les renseignements nous manquent pour le préciser. Ce qui est à retenir, en tout cas, c’est que l’œuvre qui s’accomplit n’est que le développement actif du programme même de Syed Ahmed[1].

L’organisation préparée à Luknow le 17 septembre, à Simla le 4 octobre, et affirmée bientôt à Dacca, en décembre, n’a d’autre but jusqu’ici que de tenir le gouvernement au courant des idées, des aspirations des Musulmans, en lui faisant entendre des voix autorisées et en écartant les méthodes d’agitation[2].

Dans ces conditions, et du moment qu’il s’agissait d’appliquer la doctrine de Syed Ahmed, l’intervention de l’Aga Khan comme président de la Délégation de Simla était toute


une grande réunion publique pour expliquer le but de l’All India Mohammedan Anglo-Oriental Educational Conference. Mais le 15, une autre réunion vote une motion d’adhésion au swadêçisme, à condition qu’il soit pacifique. Puis, à la même époque, M. Bannerjee, quoique empereur, se rend lui-même à une réunion funéraire en l’honneur de M. Badruddin Tavabji, membre de la Haute-Cour de Bombay et fondateur de l’Anjuman Islamia, qui vient de mourir. Publiquement, l’impérial Directeur du Bengali associe ses condoléances et celles de ses amis politiques aux hommages et aux regrets des Musulmans.

  1. M. Ameer Ali, ancien juge à la Haute-Cour du Bengale et dont l’opinion éloquente a tant d’autorité, a expliqué récemment, dans le Nineteenth Century (India and the New Parliament, août 1906, p. 256), le mécanisme de l’action qui s’engage, en attendant l’étape d’un futur Parlement. Les associations particulières qui servaient d’intermédiaire entre le gouvernement et les diverses fractions de la communauté musulmane, ont rendu naguère, il y a une vingtaine d’années, de grands services. Par elles, le gouvernement connaissait exactement les besoins, les aspirations de ses sujets. Puis ces associations se sont disloquées, et maintenant la Chambre de Commerce du Bengale a seule le privilège de faire entendre les avis utiles, sans avoir toute la compétence voulue. En attendant que la Commission de Calcutta ait fini ses travaux, il n’y a rien à faire pour les Musulmans au Congrès National qui représente à peine 1 p. 100 de la population entière de l’Inde (Saturday Review, 6 octobre 1905).
  2. Times, 6 octobre 1906.