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LE JAPON ET L’ISLAM


Le triomphe du Japon a fait passer à travers toute l’Asie comme un frisson de réveil, qui s’est étendu jusqu’à l’Afrique, et en Europe à l’empire turc. La Chine et ses pays jadis tributaires, l’Inde, la Perse, l’Égypte, une partie du nord de l’Afrique, sont remués jusque dans leurs profondeurs par un besoin de progrès et surtout par le désir de devenir forts, de conquérir la puissance qui se fait respecter et permet au besoin d’imposer sa volonté à autrui. C’est peut-être en pays musulman que ce sentiment s’est propagé avec le plus de force.

Pour tous les peuples asiatiques habitués à se courber instinctivement devant une supériorité quelconque, le charme a été rompu aussitôt après les dernières défaites des Russes. Un peuple de race jaune venait de faire preuve d’une réelle maîtrise, non seulement dans la guerre, mais aussi dans la façon intelligente et méthodique avec laquelle il l’avait préparée. Il avait su s’assimiler les sciences pratiques des Occidentaux, les retourner contre eux et, d’un seul coup, se tailler une place importante parmi les nations du globe, qui, jusque-là, ne regardaient qu’avec dédain le petit Japon.

De plus, ce peuple n’était pas chrétien, considération de peu d’importance aux yeux des Chinois, peuple de même couleur, mais qui en prenait une très grande à ceux des Musulmans de race blanche, parmi lesquels le souvenir des luttes contre la chrétienté restait vivace. De tous côtés