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REVUE DU MONDE MUSULMAN

leurs et pleins de zèle, formant à Kobé une Société qui, après la défaite des Russes, fit traduire de l’anglais en japonais, pour les répandre, deux traités religieux : La Religion de l’Islam et Le Monde de l’Islam, et sollicita, pour son œuvre de propagande, l’appui du cercle musulman de Liverpool[1]. C’était donc au dehors qu’il fallait agir.

En Chine, ce sont des missionnaires bouddhistes japonais, des commerçants, des capitalistes ou soi-disant tels, des journalistes, des professeurs, des instructeurs militaires qui sont chargés de s’infiltrer chez le grand voisin jaune, pour y accomplir patiemment leur œuvre patriotique de pénétration pacifique des esprits. Le nombre des journaux chinois plus ou moins discrètement subventionnés, créés même par les Japonais, est déjà respectable.

L’emploi de ces divers moyens de conquête est beaucoup plus difficile lorsqu’il s’agit de gagner les musulmans. Leur intransigeance religieuse rend inutile la propagande bouddhique ; le peu de connaissance qu’ont les Japonais des langues arabe, persane, turque ne permet pas non plus d’exercer l’action toujours puissante de la Presse. Mais le travail, l’activité, le temps, la persévérance sont de grands facteurs, qui amènent la solution de bien des problèmes.

On constate déjà, çà et là, la présence ou le passage de Japonais appartenant à des classes multiples dans plusieurs pays musulmans[2]. Un lettré, M. Kenjin Thokokumi (?) se serait fixé à Constantinople ; un journal de cette ville annonce avec satisfaction, et comme un fait sans précédent, l’arrivée d’une famille de commerçants japonais, qui s’y livrera au commerce des objets fabriqués en Extrême-Orient. Cette famille est celle de M. Nakamoura qui, fixée à Bey Oghlou, a fait venir à Constantinople sa femme, ses enfants et deux autres membres de sa famille. Tandis que

  1. Ikdam, 25 mai 1906.
  2. Ikdam, 22 juin 1906