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exilés, présentèrent une requête à la régente, demandant la mort de tous les coupables et la confiscation de leurs biens. Le gouvernement n’y répondit pas. Plusieurs fois ils revinrent à la charge, mais le jeune roi, mis au courant, fit alors défense absolue de revenir sur les jugements rendus, et de faire désormais de nouvelles démarches pour obtenir leur révision. Dès ce moment la persécution cessa peu à peu, et l’ordre fut donné de ne plus faire de nouvelles poursuites, mais en même temps, (et la chose est bien orientale) les ministres firent préparer une proclamation royale, sous forme d’instruction au peuple, et qui était surtout une apologie de leur conduite, aussi bien qu’une condamnation de la religion chrétienne. Cette pièce officielle est un document des plus importants dans l’histoire de l’église coréenne, puisqu’elle fut regardée pendant 80 ans comme loi fondamentale de l’État, parce qu’elle a fixé la législation contre les chrétiens, et ce ne fut que lors des traités conclus avec les Puissances en 1882 et années suivantes, qu’on cessa d’en tenir compte, sans qu’elle fut toutefois jamais rapportée officiellement. Sans doute, cette loi de proscription fut appliquée avec plus ou moins de vigueur selon les circonstances, mais chacune des persécutions qui suivirent, a été motivée par elle.

L’ÉGLISE DE CORÉE SANS MISSIONNAIRES PENDANT 30 ANS. — Le Père Tjyou une fois disparu, la Corée resta sans pasteur pendant une trentaine d’années, et c’est un vrai miracle que la persévérance dans la foi montrée par la plupart de ces néophytes, alors qu’ils étaient privés de tous les secours spirituels de l’Église. Les années 1815, 1817 et 1825 furent marquées ici ou là par le martyre et le triomphe de plusieurs confesseurs de la foi. À plusieurs reprises, durant ce long espace de temps, les chrétiens coréens essayèrent d’attirer sur leur détresse l’attention de l’évêque de Pékin, et des Souverains Pontifes Pie VII et Léon XII. Hélas ! l’évêque de Pékin ne pouvait plus rien pour eux : il était mort en 1808, son Coadjuteur n’avait jamais pu obtenir la permission d’entrer dans la ville impériale et avait succombé à Macao en 1818. Depuis lors, c’était l’évêque de Nankin qui de loin gouvernait cette église, elle même trou-