Aller au contenu

Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 70 —

Il leur fut répondu, ou de fuir ou de venir se réfugier à Séoul. Le P. Jozeau, le plus menacé de tous, se mit en route pour la capitale. Le 29 Juillet, il rencontrait près de Kong-tjyou l’avant-garde de l’armée chinoise que les Japonais avaient battue. Le général le fit arrêter et exécuter par ses soldats. Les deux missionnaires du Tjyen-la-to, les PP. Baudounet et Villemot purent s’échapper à temps, mais ils coururent pendant six semaines les plus grands dangers. Un bateau de guerre français, « L’Inconstant, » fut envoyé à leur secours, mais quand les prêtres avertis purent arriver à la côte, la date du rendez-vous était passée depuis quelques jours et le bateau était reparti dans une autre direction. Les deux missionnaires néanmoins réussirent à gagner Séoul, où ils arrivèrent exténués de fatigue, ayant fait une partie de la route en barque, et 40 lieues à pied. Par prudence tous les autres missionnaires de l’intérieur furent rappelés eux aussi à la Capitale pour un certain temps.

TRAVAUX DES MISSIONNAIRES ET PROGRÈS DE L’ÉVANGÉLISATION.

1o SÉOUL. — Malgré ces séditions, malgré la guerre et les troubles qui s’en suivirent, malgré les événements qui en furent la conséquence, les Missionnaires purent néanmoins travailler efficacement dans le champ du Seigneur, jadis ravagé. À Ryongsan, près de Séoul, un séminaire avait été construit en 1891, non loin du lieu des supplices, où autrefois missionnaires et chrétiens avaient confessé Jésus-Christ. Dans les faubourgs de Séoul, à Yak-hyen, une première église en briques fut édifiée par le P. Doucet, sur les plans du P. Coste, et solennellement bénite en 1893. La Princesse Min, mère du Roi, épouse du fameux Tai-ouen-koun (Régent du royaume) et catéchumène depuis le temps de la persécution, fut baptisée en secret à Séoul par Mgr. Mutel et reçut le nom de Marie.

Bientôt l’Église Cathédrale, commencée par le P. Coste et finie par le P. Poisnel, s’éleva sur l’endroit tant disputé jadis par le gouvernement coréen et put être solennellement consacrée en 1898, au milieu de milliers de chrétiens accourus de tous côtés, en présence aussi des ministres coréens et des repré-