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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/178

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nement. — C’est ici que j’habite, dit-il, comme capitaine des chevau-légers albanais. Si ce titre me vaut quelques distinctions, vous avez vu qu’il a failli me coûter bien cher.

Ils traversèrent les vastes galeries de cet édifice immense. Louis de Winchestre était vivement ému en songeant que ce séjour était celui du duc d’Albe et qu’une seule porte peut-être le séparait de ce sanguinaire gouverneur. À chaque pas il rencontrait des sentinelles ; toutes les fenêtres étaient garnies d’énormes grilles de fer, et l’on eût pu se croire plutôt dans une prison que dans un palais.

Quand ils parvinrent à l’appartement du mulâtre, le jeune Flamand fut frappé de la magnificence orientale qu’on y remarquait : des tapis de Turquie garnissaient les murailles, des sofas revêtus d’étoffes de soie invitaient au repos, et une huile parfumée brûlait dans des lampes d’argent.

Des pages vinrent désarmer les deux voyageurs : tous deux alors se regardèrent quelque temps en silence, également surpris à la vue l’un de l’autre ; car jamais cavalier plus beau que Louis de Winchestre n’avait paru à la cour de Bruxelles, et le mulâtre, de son côté, avait la taille la plus avantageuse, les proportions les plus parfaites et les traits les plus réguliers.