Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/217

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seur de son pays, mais le libérateur de Marguerite, et, trop ému pour exprimer son bonheur, il ne remercia l’Espagnol que par des larmes.

— Il est à moi ! murmura l’Espagnol avec un sourire infernal. Puis, faisant un pas vers le jeune Belge : Comte de Winchestre, lui dit-il, puis-je à mon tour vous demander un léger service ?

Le Flamand rentra en lui-même, et sentit qu’on lui avait tendu un piège ; cependant il eut assez de présence d’esprit pour ne témoigner ni surprise ni méfiance, car il avait livré son secret, et Marguerite allait être maintenant l’otage de sa soumission. Il répondit donc quoique d’une voix mal assurée : — J’ignore comment je pourrais me rendre utile à Votre Excellence.

— Vous étiez à l’audience de ce matin ? reprit le duc.

— J’y étais.

— Le Roi doit être informé des motifs qui justifient ma désobéissance : la dépêche est déjà préparée, mais je ne puis disposer de personne pour la porter. Les uns me sont suspects, les autres me servent trop utilement dans les Pays-Bas pour que je songe à les éloigner : enfin ceux que je pourrais le mieux charger de ce message ne sont ni d’un rang assez illustre ni d’une naissance assez distinguée pour être mes agents à Madrid. Surtout je ne connais point de gentilhomme espagnol ou flamand qui ne se laissât intimider par la présence d’un monarque sévère… Vous seul, je vous crois capable de conserver tout votre courage devant lui.