Aller au contenu

Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vient victorieux et prêt à se porter sur Bruxelles pour frapper au cœur la tyrannie et ses satellites. Nos aïeux n’ont jamais contemplé les traits d’un aussi grand homme, et nos descendants ne pourront lui comparer leurs chefs les plus illustres, à moins qu’il ne se reproduise un jour dans ses petits-fils.

Le prince arriva aux portes de la ville. Il portait une armure simple et dépourvue d’ornements ; une housse sans broderies couvrait le dos de son bon cheval noir, mais on y lisait l’ancienne et glorieuse devise : Je maintiendrai, symbole prophétique du rôle que devait jouer la maison de Nassau.

Autour de lui se pressaient de fidèles compagnons d’armes, Belges, Allemands, Français ou Anglais, les uns couverts de fer et n’ayant d’autre marque de distinction que les armoiries qu’ils avaient illustrées, les autres affectant encore un reste de magnificence, au milieu des fatigues et des désastres de la guerre ; mais tous également dévoués à leur chef, tous prêts à obéir à son moindre geste, tous oubliant leurs pertes et leurs dangers pour ne s’occuper que de lui.

Le front de ces braves était soucieux, et ils se livraient à des pensées amères. Guillaume aussi, cet intrépide Guillaume qui seul n’avait point désespéré de la chose publique lorsque l’oppression s’étendait sur les Dix-Sept Provinces, maintenant triste et abattu, s’efforçait en vain de recevoir d’un air satisfait les hommages de cette multitude, qui le croyait victorieux. Hélas ! que son entrée à Malines eût été différente, à ses yeux, si la témérité du comte de