Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/258

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— Je conçois que Votre Altesse veuille protéger le peuple ; mais il y a dans cette ville de riches couvents, où l’on trouverait de quoi satisfaire les gens de guerre, sans bourse délier. Certainement, monseigneur, les moines n’ont guère besoin de tant de richesses, et d’ailleurs ce ne sont pas nos amis.

— Capitaine, répondit le prince, je ne veux point faire acception de parti : catholiques ou protestants, prêtres ou laïques, tous les Belges sont mes compatriotes, tous me sont chers, et ceux qui, trompés par mon perfide ennemi, méconnaissent mes intentions et leurs propres intérêts, méritent ma pitié, mais non mon ressentiment.

— Quel homme ! dit tout bas le vieux militaire : non ! ce n’est point là le chef d’un parti ; c’est le héros d’une nation !

Quelques moments après la porte s’ouvrit et deux nouveaux personnages entrèrent. L’un des deux était un officier ; l’autre un riche marchand, dont la figure maigre et allongée, les lèvres minces, les yeux enfoncés et les joues creuses formaient le portrait d’un parfait avare. Il avait un habit de drap noir râpé et raccommodé en plusieurs endroits, et un gros rosaire, dont il laissait pendre une partie, était un indice remarquable de son hypocrisie plutôt que de sa piété.

    que montrèrent les officiers et en sacrifiant tout ce qu’il possédait ; mais il eut le bonheur d’avoir préservé ses compatriotes d’une ruine presque certaine. Voyez Van Meteren et la grande chronique de Hollande à l’année 1572.