Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/356

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trouvé tant d’attentions et de dévouement, Louis de Winchestre offrit au bon curé une bourse pleine d’or. Ce n’est pas un gage de reconnaissance, dit-il en la lui présentant : les services que vous nous avez rendus ne se paient point avec de l’or ; mais nous serons heureux de penser que cette somme, distribuée par vous, aura essuyé quelques larmes.

Le prêtre prit la bourse sans faire de difficultés : il connaissait maintenant le caractère de ses hôtes et savait qu’il en était connu ; il pouvait sans rougir accepter ce don, ou plutôt ce dépôt sacré, dont il se serait fait un crime de détourner la moindre parcelle pour son usage. Mais, avant de quitter les fugitifs, il leur laissa entrevoir que leur histoire lui était connue. — « Croyez, leur dit-il, qu’il existe en Espagne des ecclésiastiques qui gémissent de voir les prétendus défenseurs de la religion surpasser en rigueur et barbarie les monstres les plus odieux dont l’histoire ait flétri le souvenir. Hélas ! nous en sommes nous-mêmes les victimes ! N’a-t-on pas vu récemment encore l’archevêque de Tolède et le confesseur de Charles-Quint condamnés à périr dans les flammes, par l’ordre impie de ces bourreaux ? Mais le Pontife l’a ainsi réglé, le Roi le veut, Dieu le souffre : nous nous taisons et nous nous résignons aux arrêts de la Providence.

» Puissiez-vous du moins, noble jeune homme, ne jamais expier par de longues souffrances votre belle action ! Puisse votre voyage être heureux et rapide ! Puisse l’épouse qui vous attend ne verser que