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LE GUEUX DE MER

toute la faveur du roi ? N’accusera-t-il pas le seigneur de Gruthuysen et moi de vous avoir inspiré des sentiments patriotiques ?

Il eût été facile à la jeune comtesse de répondre ; mais moins sa tante était capable de soutenir la plus légère discussion, plus elle se croyait obligée de lui montrer de déférence et de soumission : car elle respectait son âge, ses droits et ses vertus. Au lieu donc de se justifier, elle demanda pardon à la vieille dame de son emportement, et lui baisa la main de si bonne grâce, que la douairière enchantée oublia tout le reste.

— Mon aumônier aura soin d’arranger cette affaire, dit-elle. Malheureusement le digne homme est absent pour aujourd’hui ; mais demain nous prendrons son conseil. En attendant, chère Marguerite, digne sang des Waldeghem, comptez sur toute mon affection : quoi qu’on en dise, je ne veux faire de testament ni en faveur de mon aumônier ni des jésuites, vous hériterez de toute ma fortune.

Après avoir prononcé ces mots d’un air solennel, la baronne fit appeler ses gens, et leur donna ordre de décorer de tentures la façade de son hôtel, afin de célébrer l’arrivée prochaine du duc de Medina-Cœli. Elle fit déployer des drapeaux, tresser des guirlandes et des couronnes ; elle voulut que ses laquais se revêtissent de leur plus belle livrée, et prit elle-même un costume brillant.

Cependant le son des cloches et les décharges de l’artillerie annonçaient l’arrivée prochaine de la