Autrefois j’ai connu cet honnête garçon ;
Et vous n’avez pas lieu d’en prendre aucun soupçon.
Est-ce là le seigneur Trufaldin ?
Monsieur, je suis tout vôtre, et ma joie est extrême
De pouvoir saluer en toute humilité
Un homme dont le nom est partout si vanté.
Très humble serviteur.
Mais je l’ai vue ailleurs, où, m’ayant fait connaître
Les grands talents qu’elle à pour savoir l’avenir,
Je voulais sur un point un peu l’entretenir.
Quoi ! te mêlerais-tu d’un peu de diablerie ?
Non, tout ce que je sais n’est que blanche magie.
Voici donc ce que c’est. Le maître que je sers
Languit pour un objet qui le tient dans ses fers ;
Il aurait bien voulu du feu qui le dévore
Pouvoir entretenir la beauté qu’il adore :
Mais un dragon, veillant sur ce rare trésor,
N’a pu, quoi qu’il ait fait, le lui permettre encor ;
Et ce qui plus le gêne et le rend misérable,
Il vient de découvrir un rival redoutable :
Si bien que, pour savoir si ses soins amoureux
Ont sujet d’espérer quelque succès heureux,
Je viens vous consulter, sûr que de votre bouche
Je puis apprendre au vrai le secret qui nous touche.
Sous quel astre ton maître a-t-il reçu le jour ?
Sous un astre à jamais ne changer son amour.