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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/153

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Mais puisqu’on reconnaît si mal mes bons offices,
Qu’il me faut de la sorte essuyer vos caprices,
Et que, pour récompense, on s’en vient, de hauteur,
Me traiter de faquin, de lâche, d’imposteur,
Je m’en vais réparer l’erreur que j’ai commise,
Et dès ce même pas rompre mon entreprise.


Hippolyte, l’arrêtant.

Eh ! ne me traite pas si rigoureusement,
Et pardonne aux transports d’un premier mouvement.

Mascarille

Non, non, laissez-moi faire ; il est en ma puissance
De détourner le coup qui si fort vous offense.
Vous ne vous plaindrez point de mes soins désormais ;
Oui, vous aurez mon maître, et je vous le promets.

Hippolyte

Eh ! mon pauvre garçon, que ta colère cesse !
J’ai mal jugé de toi, j’ai tort, je le confesse.

Tirant sa bourse.

Mais je veux réparer ma faute avec ceci.
Pourrais-tu te résoudre à me quitter ainsi ?

Mascarille

Non, je ne le saurais, quelque effort que je fasse ;
Mais votre promptitude est de mauvaise grâce.
Apprenez qu’il n’est rien qui blesse un noble cœur
Comme quand il peut voir qu’on le touche en l’honneur.

Hippolyte

Il est vrai, je t’ai dit de trop grosses injures :
Mais que ces deux louis guérissent tes blessures.

Mascarille

Eh ! tout cela n’est rien ; je suis tendre à ces coups.
Mais déjà je commence à perdre mon courroux ;
Il faut de ses amis endurer quelque chose.

Hippolyte

Pourras-tu mettre à fin ce que je me propose
Et crois-tu que l’effet de tes desseins hardis
Produise à mon amour le succès que tu dis ?

Mascarille

N’ayez point pour ce fait l’esprit sur des épines.
J’ai des ressorts tout prêts pour diverses machines ;