Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/206

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Pour beaucoup plus de temps que je n’eusse auguré,
Je n’ai, pour vous rejoindre, épargné temps ni peine ;
Enfin, ayant trouvé la vieille Egyptienne,
Et plein d’impatience, apprenant votre sort,
Que pour certain argent qui leur importait fort,
Et qui de tous vos gens détourne le naufrage,
Vous aviez en ces lieux été mise en otage,
J’accours vite y briser ces chaînes d’intérêt,
Et recevoir de vous les ordres qu’il vous plaît :
Cependant on vous voit une morne tristesse,
Alors que dans vos yeux doit briller l’allégresse.
Si pour vous la retraite avait quelques appas,
Venise, du butin fait parmi les combats,
Me garde pour tous deux de quoi pouvoir y vivre ;
Que si, comme devant, il vous faut encor suivre,
J’y consens, et mon cœur n’ambitionnera
Que d’être auprès de vous tout ce qu’il vous plaira.

Célie

Votre zèle pour moi visiblement éclate :
Pour en paraître triste, il faudrait être ingrate,
et mon visage aussi, par son émotion,
N’explique point mon cœur en cette occasion.
Une douleur de tête y peint sa violence ;
Et si j’avais sur vous quelque peu de puissance,
Notre voyage, au moins pour trois ou quatre jours,
Attendrait que ce mal eût pris un autre cours.

Andrès

Autant que vous voudrez, faites qu’il se diffère.
Toutes mes volontés ne butent qu’à vous plaire.
Cherchons une maison à vous mettre en repos.
L’écriteau que voici s’offre tout à propos.


Scène 4


Célie, Andrès, Mascarille, déguisé en Suisse

Andrès

Seigneur Suisse, êtes-vous de ce logis le maître ?

Mascarille

Moi pour serfir à fous.

Andrès

xxxxxxxxxxxxxxxx Pourrons-nous y bien être !