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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/25

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xiii
DU THÉÂTRE EN FRANCE

        Abraham.
Mon ami, si je te lyoye ?
Ne seroit-il point deshonneste ?
        Isaac.
Hélas ! c’est ainsi que une beste.

Lorsque Isaac a les yeux bandés, son père, qui s’apprête à le frapper, lui dit :

Adieu, mon fils.
        Isaac.
Adieu, mon fils. Adieu, mon père,
Bandé suis ; de bref je mourray,
Plus ne vois la lumiere clère.
        Abraham.
Adieu, mon fils.
        Isaac.
Adieu, mon fils. Adieu, mon père,
Recommandez-moy à ma mère,
Jamais je ne la reverray.
        Abraham.
Adieu, mon fils, etc.

Nous indiquerons encore un dialogue entre un démon et Judas, dialogue qui commence par ces vers :

        Le démon.
Meschant, que veulx-tu qu’on te face ?
A quel port veulx-tu aborder ?
        Judas.
Je ne sais ; je n’ai œil en face
Qui ose les cieulx regarder
        Le démon.
Si de mon nom veulx demander
Briefvement en aras demontrance.
        Judas.
Dont viens-tu ?
        Le démon.
Dont viens-tu ? Du parfont d’enfer.
        Judas.
Quel est ton nom ?
        Le démon.
Quel est ton nom ? Désespérance !

Nous extrairons aussi le fragment de la scène des pasteurs, dans la Passion, d’Arnoul Gréban :