Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/328

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Madelon

Que tout ce qu’il dit est naturel ! Il tourne les choses le plus agréablement du monde.

Cathos

Il est vrai qu’il fait une furieuse dépense en esprit.

Mascarille

Pour vous montrer que je suis véritable, je veux faire un impromptu là-dessus.


Il médite.

Cathos

Hé ! je vous en conjure de toute la dévotion de mon cœur, que nous oyons quelque chose qu’on ait fait pour nous.

Jodelet

J’aurois envie d’en faire autant ; mais je me trouve un peu incommodé de la veine poétique, pour la quantité des saignées que j’y ai faites ces jours passés.

Mascarille

Que diable est cela ! Je fais toujours bien le premier vers ; mais j’ai peine à faire les autres. Ma foi, ceci est un peu trop pressé ; je vous ferai un impromptu à loisir, que vous trouverez le plus beau du monde.

Jodelet

Il a de l’esprit comme un démon.

Magdelon

Et du galant, et du bien tourné.

Mascarille

Vicomte, dis-moi un peu, y a-t-il longtemps que tu n’as vu la comtesse ?

Jodelet

Il y a plus de trois semaines que je ne lui ai rendu visite.

Mascarille

Sais-tu bien que le duc m’est venu voir ce matin, et m’a voulu mener à la campagne courir un cerf avec lui ?

Magdelon

Voici nos amies qui viennent.



Scène XIII

Lucile, Célimène, Cathos, Madelon, Mascarille, Jodelet, Marotte, Almanzor, violons.

 

Magdelon

Mon Dieu, mes chères[1], nous vous demandons pardon.

  1. On disoit alors une chère comme on auroit dit une précieuse. Ces deux mots avoient le même sens, et étoient également à la mode ; mais chère exprimoit surtout l'intimité. Ce mot est resté. (Aimé Martin.)