Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/353

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Et sur lui hautement pour contenter ma rage
Faire au larron d’honneur crier le voisinage.

Célie

Celui qui maintenant devers vous est venu
Et qui vous a parlé, d’où vous est-il connu ?

Sganarelle

Hélas ! ce n’est pas moi qui le connaît Madame,
C’est ma femme.

Célie

C'est ma femme. Quel trouble agite ainsi votre âme ?

Sganarelle

Ne me condamnez point d’un deuil hors de saison
Et laissez-moi pousser des soupirs à foison.

Célie

D’où vous peuvent venir ces douleurs non communes ?

Sganarelle

Si je suis affligé, ce n’est pas pour des prunes
Et je le donnerais à bien d’autres qu’à moi
De se voir sans chagrin au point où je me voi.
Des maris malheureux, vous voyez le modèle,
On dérobe l’honneur au pauvre Sganarelle ;
Mais c’est peu que l’honneur dans mon affliction
L’on me dérobe encor la réputation.

Célie