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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/392

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D’un secret dont vos feux ont droit de s’alarmer.

Dom Garcie
Ne me viens point parler de secret ni d’alarme
Dans les doux mouvements du transport qui me charme,
Après ce qu’à mes yeux on vient de présenter,
Il n’est point de soupçons que je doive écouter ;
Et d’un divin objet la bonté sans pareille,
À tous ces vains rapports doit fermer mon oreille.
Ne m’en fais plus.

Dom Lope
Ne m’en fais plus. Seigneur, je veux ce qu’il vous plaît.
Mes soins en tout ceci n’ont que votre intérêt ;
J’ai cru que le secret que je viens de surprendre
Méritait bien qu’en hâte on vous le vînt apprendre ;
Mais puisque vous voulez que je n’en touche rien,
Je vous dirai, Seigneur, pour changer d’entretien,
Que déjà dans Léon on voit chaque famille
Lever le masque au bruit des troupes de Castille,
Et que surtout le peuple y fait pour son vrai roi
Un éclat à donner au tyran de l’effroi.

Dom Garcie
La Castille du moins n’aura pas la victoire
Sans que nous essayions d’en partager la gloire ;
Et nos troupes aussi peuvent être en état
D’imprimer quelque crainte au cœur de Mauregat.
Mais quel est ce secret dont tu voulais m’instruire ?
Voyons un peu.

Dom Lope
Voyons un peu. Seigneur, je n’ai rien à vous dire.

Dom Garcie
Va, va, parle, mon cœur t’en donne le pouvoir.

Dom Lope
Vos paroles, Seigneur, m’en ont trop fait savoir,
Et puisque mes avis ont de quoi vous déplaire,
Je saurai désormais trouver l’art de me taire.

Dom Garcie
Enfin, je veux savoir la chose absolument.

Dom Lope
Je ne réplique point à ce commandement.
Mais, Seigneur, en ce lieu le devoir de mon zèle