Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/441

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Que j’aurai de plaisir si l’on le fait cocu !

Ariste
J’ignore pour quel sort mon astre m’a fait naître ;
Mais je sais que pour vous, si vous manquez de l’être,
On ne vous en doit point imputer le défaut,
Car vos soins pour cela font bien tout ce qu’il faut.

Sganarelle
Riez donc, beau rieur. Oh ! Que cela doit plaire
De voir un goguenard presque sexagénaire !

Léonor
Du sort dont vous parlez, je le garantis, moi,
S’il faut que par l’hymen il reçoive ma foi :
Il s’y peut assurer ; mais sachez que mon âme
Ne répondrait de rien, si j’étais votre femme.

Lisette
C’est conscience à ceux qui s’assurent en nous ;
Mais c’est pain bénit, certe, à des gens comme vous.

Sganarelle
Allez, langue maudite, et des plus mal apprises.

Ariste
Vous vous êtes, mon frère, attiré ces sottises.
Adieu. Changez d’humeur, et soyez averti
Que renfermer sa femme est le mauvais parti.
Je suis votre valet.

Sganarelle
Je ne suis pas le vôtre.
Oh ! Que les voilà bien tous formés l’un pour l’autre !
Quelle belle famille ! Un vieillard insensé
Qui fait le dameret dans un corps tout cassé ;
Une fille maîtresse et coquette suprême ;
Des valets impudents : non, la sagesse même
N’en viendrait pas à bout, perdrait sens