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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/49

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J.-B. Poquelin de Molière


Dans un excellent morceau de critique littéraire consacré au grand écrivain dont nous reproduisons les œuvres[1], on lit cette juste remarque : « Il y a dans l’existence de Molière, qui a beaucoup écrit et que son métier a longtemps tenu en vue, cette double singularité qu’il n’a pas laissé une seule ligne de sa main, que nul de ses contemporains, de ses amis, n’a rien recueilli, rien communiqué au public de sa personne[2], et que le premier ouvrage où l’on prétendait raconter la vie de l’auteur illustre, du comédien populaire, est de 1705, postérieur de trente-deux ans à sa mort… De là il est résulté que n’ayant pas à s’aider des ressources si précieuses de la correspondance privée, la biographie, qui, de sa nature, n’aime pas à s’avouer ignorante, n’a pu que ramasser, pour guider sa marche, des souvenirs lointains, des traditions incertaines, dont les lacunes encore ont dû être remplies par des fables, »

Les fables, en effet, n’ont pas manqué. La Vie de Grimarest, tant de fois réimprimée, est remplie d’anecdotes suspectes ; et cependant cette Vie a été longtemps la source unique à laquelle ont puisé les biographes. Le dix-huitième siècle s’en était contenté, car il était moins occupé que nous des détails intimes. Mais l’admiration

  1. Bazin, Notes historiques sur la vie de Molière, deuxième édition, Paris, 1851. Avant-propos, p. 3.
  2. Il faut excepter l’édition Lagrange, de 1682, qui donne quelques détails biographiques.