Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/513

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Qu’auprès de notre roi vous serez mon mécène.
Oui, votre crédit m’est un moyen assuré...
Éraste.
Eh bien  ! Donnez-moi donc  : je le présenterai.
Caritidès.
Le voici  ; mais au moins oyez-en la lecture.
Éraste.
Non...
Caritidès.
C’est pour être instruit  : monsieur, je vous conjure.
Au roi.
" sire,
Votre très-humble, très-obéissant, très-fidèle et
Très-savant sujet et serviteur, Caritidès, françois de
Nation, grec de profession, ayant considéré les grands
Et notables abus qui se commettent aux inscriptions
Des enseignes des maisons, boutiques, cabarets, jeux
De boule, et autres lieux de votre bonne ville de Paris,
En ce que certains ignorants compositeurs desdites inscriptions
Renversent, par une barbare, pernicieuse et


Détestable orthographe, toute sorte de sens et raison,
Sans aucun égard d’étymologie, analogie, énergie, ni
Allégorie quelconque, au grand scandale de la république
Des lettres, et de la nation françoise, qui se décrie
Et déshonore par lesdits abus et fautes grossières
Envers les étrangers, et notamment envers les Allemands,
Curieux lecteurs et inspectateurs desdites
Inscriptions,... "
Éraste.
Ce placet est fort long, et pourroit bien fâcher...
Caritidès.
Ah  ! Monsieur, pas un mot ne s’en peut retrancher.
Éraste.
Achevez promptement.
(Caritidès continue.)
" ... Supplie humblement votre majesté de créer, pour
Le bien de son état et la gloire de son empire, une
Charge de contrôleur, intendant, correcteur, réviseur,
Et restaurateur général desdites inscriptions, et d’icelle


Honorer le suppliant, tant en considération de son rare
Et émine