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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/519

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La Rivière, l’attaquant avec ses compagnons.
Avant qu’à tes fureurs on puisse l’immoler,
Traître, tu trouveras en nous à qui parler.
Éraste, mettant l’épée à la main.
Bien qu’il m’ait voulu perdre, un point d’honneur me presse
De secourir ici l’oncle de ma maîtresse.
Je suis à vous, monsieur.
Damis, après leur fuite.
Ô ciel  ! Par quel secours
D’un trépas assuré vois-je sauver mes jours  ?
À qui suis-je obligé d’un si rare service  ?
Éraste.
Je n’ai fait, vous servant, qu’un acte de justice.
Damis.
Ciel  ! Puis-je à mon oreille ajouter quelque foi  ?
Est-ce la main d’Éraste...  ?
Éraste.
Oui, oui, monsieur, c’est moi,
Trop heureux que ma main vous ait tiré de peine,
Trop malheureux d’avoir mérité votre haine.
Damis.
Quoi  ? Celui dont j’avois résolu le trépas
Est celui qui pour moi vient d’employer son bras  ?
Ah  ! C’en est trop  : mon cœur est contraint de se rendre  ;
Et quoi que votre amour ce soir ait pu prétendre,
Ce trait si surprenant de générosité
Doit étouffer en moi toute animosité.


Je rougis de ma faute, et blâme mon caprice.
Ma haine trop longtemps vous a fait injustice  ;
Et pour la condamner par un éclat fameux,
Je vous joins dès ce soir à l’objet de vos vœux.

Acte III , scène VI .

Orphise, venant avec un flambeau d’argent à la main.
Monsieur, quelle aventure a d’un trouble effroyable...  ?
Damis.
Ma nièce, elle n’a rien que de très-agréable,
Puisque après tant de vœux que j’ai blâmés en vous,