Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/543

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Non, c’est que je songeais…

Horace.

Cet entretien vous lasse :
Adieu. J’irai chez vous tantôt vous rendre grâce.

Arnolphe.

Ah ! faut-il… !

Horace, revenant.

Derechef, veuillez être discret,
Et n’allez pas, de grâce, éventer mon secret.

Arnolphe.

Que je sens dans mon âme… !

Horace, revenant.

Et surtout à mon père,
Qui s’en ferait peut-être un sujet de colère.

Arnolphe, croyant qu’il revient encore.

Oh !… Oh ! que j’ai souffert durant cet entretien !
Jamais trouble d’esprit ne fut égal au mien.
Avec quelle imprudence et quelle hâte extrême
Il m’est venu conter cette affaire à moi-même !
Bien que mon autre nom le tienne dans l’erreur,
Étourdi montra-t-il jamais tant de fureur ?
Mais ayant tant souffert, je devois me contraindre
Jusques à m’éclaircir de ce que je dois craindre,
À pousser jusqu’au bout son caquet indiscret,
Et savoir pleinement leur commerce secret.
Tâchons à le rejoindre : il n’est pas loin, je pense,
Tirons-en de ce fait l’entière confidence.
Je tremble du malheur qui m’en peut arriver,
Et l’on cherche souvent plus qu’on ne veut trouver.