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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/56

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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

discussions pour savoir si Molière avait réellement exercé la profession à laquelle il était destiné. Quelques-uns l’assurent :

« Quand il eut achevé ses études, dit Grimarest, il fut obligé à cause du grand âge de son père d’exercer sa charge pendant quelque temps, et même il fit le voyage de Narbonne à la suite de Louis XIII. » À cette assertion d’un écrivain dont le témoignage est souvent suspect, M. Soulié répond :

« Les découvertes de Beffara ont démontré qu’en 1642, époque de ce voyage, le père de Molière avait au plus quarante-sept ans, et que par conséquent ce n’est pas son grand âge qui put l’empêcher de faire son service auprès du Roi ; mais il ne serait pas impossible que Molière, âgé de vingt ans, eût été tenté de remplacer son père et de profiter de cette occasion pour parcourir une partie de la France… »

« M. Emmanuel Raymond[1] a trouvé des indications qui lui ont fait supposer que Molière était à la suite du roi les 21 avril et 10 juin lors de son passage à Sigean, et a cru le reconnaître dans un jeune valet de chambre qui figure à Narbonne au procès-verbal de l’arrestation de Cinq-Mars ; mais ces faits sont loin d’être suffisamment prouvés. Cependant il n’est pas inutile de faire remarquer qu’en étudiant l’itinéraire de Louis XIII depuis le 27 janvier 1642, jour de son départ de Saint-Germain, jusqu’au 23 juillet suivant, date de son retour à Fontainebleau, on voit le roi s’arrêter ou séjourner dans des villes telles que Lyon, Vienne, Nîmes, Pézénas, Béziers, Narbonne, où Molière viendra un peu plus tard jouer ses premières comédies. Rappelons-nous aussi que le second trimestre de l’année affecté au service de Jean Poquelin comme tapissier du Roi, se trouve compris dans la période de temps que dure l’absence de

  1. Histoire des pérégrinations de Molière dans le Languedoc, 1858, in-12.