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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/601

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LA CRITIQUE
DE
L’ÉCOLE DES FEMMES.

COMÉDIE EN UN ACTE.
1663.


NOTICE.


Celle pièce fut représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Palais-Royal, le 1er juin 1663. « L’idée m’en vint, dit Molière[1], après les deux ou trois premières représentations de ma pièce (l’École des Femmes). Je la dis, cette idée, dans une maison où je me trouvai un soir ; et d’abord une personne de qualité, dont l’esprit est assez connu dans le monde, et qui me fait l’honneur de m’aimer, trouva le projet assez à son gré, non seulement pour me solliciter d’y mettre la main, mais encore pour l’y mettre lui-même ; et je fus étonné que deux jours après il me montra toute l’affaire exécutée d’une manière à la vérité beaucoup plus galante et plus spirituelle que je ne puis faire, mais où je trouvai des choses trop avantageuses pour moi ; et j’eus peur que, si je produisois cet ouvrage sur notre théâtre on ne m’accusât d’abord d’avoir mendié les louanges qu’on m’y donnoit. » Cette personne de qualité qui offrait ainsi à Molière de prendre sa défense, était, suivant de Visé, l’abbé du Buisson, que Somaize appelle grand introducteur des belles ruelles. L’obligeant abbé proposait naïvement à Molière de travailler à son propre éloge ; mais le poète avait un sentiment trop élevé des choses littéraires, pour accepter cette proposition qui eût donné beau jeu à ses adversaires. Cependant, comme les rumeurs des coteries devenaient de jour en jour plus menaçantes, il sentit qu’il fallait prendre l’offensive avec l’arme toujours redoutable du ridicule, et pour se défendre en attaquant, il donna la Cri-

  1. Préface de l’École des Femmes.