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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/608

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LA CRITIQUE DE L’ÉCOLE DES FEMMES.

de lui. Vous connaissez l’homme, et sa naturelle paresse à soutenir la conversation. Elle l’avait invité à souper comme bel esprit, et jamais il ne parut si sot, parmi une demi-douzaine de gens à qui elle avait fait fête de lui, et qui le regardaient avec de grands yeux, comme une personne qui ne devait pas être faite comme les autres. Ils pensaient tous qu’il était là pour défrayer la compagnie de bons mots ; que chaque parole qui sortait de sa bouche devait être extraordinaire ; qu’il devait faire des impromptus sur tout ce qu’on disait, et ne demander à boire qu’avec une pointe. Mais il les trompa fort par son silence ; et la dame fut aussi mal satisfaite de lui que je le fus d’elle.

Uranie

Tais-toi, je vais la recevoir à la porte de la chambre.

Élise

Encore un mot. Je voudrais bien la voir mariée avec le marquis dont nous avons parlé. Le bel assemblage que ce serait d’une précieuse et d’un turlupin !

Uranie

Veux-tu te taire ? La voici.


Scène III

Climène, Uranie, Élise, Galopin.

Uranie

Vraiment, c’est bien tard que…

Climène

Hé ! de grâce, ma chère, faites-moi vite donner un siège.

Uranie, à Galopin

Un fauteuil promptement.

Climène

Ah ! mon Dieu !

Uranie

Qu’est-ce donc ?

Climène

Je n’en puis plus.

Uranie

Qu’avez-vous ?

Climène

Le cœur me manque.

Uranie

Sont-ce vapeurs qui vous ont prise ?