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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/640

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538 NOTiCE. clos, quand les chandelles ne sont pas allumées, quand il n’y a de spectateurs ni aux loges, ni au parterre. Cette révélation de la comédie derrière le rideau, faite en un tel lieu et devant un pareil monde, pouvait sembler déjà passablement hasardée. » • Quoi qu’il en soit, et peut-ôtre même parce qu’elle était ha- sardée, la nouvelle comédie enleva tous les suffrages, et peu de temps après, lorsqu’elle fut jouée à Paris, elle obtint le même succès. jf Ces portraits des marquis ridicules, dit M. Aimé Martm, produisirent un effet surprenant. De Visé raconte qu’étant au spectacle, à la représentation de l’Impromptu de Versailles, il y avait auprès de lui une jeune fille qui disait qu’on voulait lui faire épouser un marquis, mais que depuis qu’elle les avait vu jouer, elle n’en voulait point. Ils sont toiîlefois bien mignons et bien propres, ajoute de Visé; et il faut qu’elle soit bien dégoûtée, car enfin c’est une jolie chose qu’un marquis. » Le seul reproche sérieux qu’on ait adressé à l’Impromptu de Versailles, c’est que Molière y nomme en toutes lettres son ad- versaire Boursault. Voltaire dit que jamais la licence de l’an- cienne comédie grecque n’est allée plus loin; Palissot est du même avis, et Chamfort, exagérant encore sur Voltaire et Palis- sot, dit que cette personnalité contre Boursault est la seule ac- tion blâmable de la vie de Molière. A la comédie de Molière, on répondit, comme à la Critique de l’École des Femmes, par des comédies nouvelles. De ViUiers fit jouer la Vengeance des Marquis, et Montdeury, comédien de l’Hôtel de Bourgogne, dont la troupe n’avait guère été mieux traitée que Boursault, opposa, mais sans succès, à l’Impromptu de Ver- sailles, l’Impromptu de l’Hctel de Condé. Quant à de Visé, il s’en tint à la Zclinde, en essayant toutefois de soulever toute la no- blesse de France contre Molière, et en l’accusant du crime de lèse-majesté. Ici se présente une question que sans doute quelques-uns d- nos lecteurs se sont adressée déj! Comment Louis XIV lais sait-il ainsi un simple comédien attaquer devant lui ce qu’au déclin de son règne, l’un de ses ministres, dans une ordoifiiance revêtue du nom même du roi, appelait « le corps sacré de la noblesse? » La réponse est toute simple. C’est que comme homme, et comme homme d’esprit, Louis XIV aimait à rire des ridicules , que, mieux que personne, il était à même d’étudier des hauteurs de son rang, et que, comme roi, en cette période ascendante et glorieuse do sa vie, il continuait l’œavre de Ri- chelieu el *« souvenait encore de la fronde.