Scène II
Voilà un ordre fort prudent.
Ah ! seigneur Géronimo, je vous trouve à propos ; et j’allais chez vous vous chercher.
Et pour quel sujet, s’il vous plaît ?
Pour vous communiquer une affaire que j’ai en tête, et vous prier de m’en dire votre avis.
Très volontiers. Je suis bien aise de cette rencontre, et nous pouvons parler ici en toute liberté.
Mettez-donc dessus[1], s’il vous plaît. Il s’agit d’une chose de conséquence, que l’on m’a proposée ; et il est bon de ne rien faire sans le conseil de ses amis.
Je vous suis obligé de m’avoir choisi pour cela. Vous n’avez qu’à me dire ce que c’est.
Mais, auparavant, je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.
Je le ferai, puisque vous le voulez.
Je ne vois rien de plus condamnable qu’un ami qui ne nous parle pas franchement.
Vous avez raison.
Et dans ce siècle on trouve peu d’amis sincères.
Cela est vrai.
Promettez-moi donc, seigneur Géronimo, de me parler avec toute sorte de franchise.
- ↑ C’est-à-dire : mettez votre chapeau sur votre tête ; comme on dit aujourd’hui couvrez-vous, en sous-entendant encore la tête.