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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/700

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délivrée du barbon que je prends. C’est un homme qui mourra avant qu’il soit peu, et qui n’a tout au plus que six mois dans le ventre. Je vous le garantis défunt dans le temps que je dis ; et je n’aurai pas longuement à demander pour moi l’heureux état de veuve. (À Sganarelle, qu’elle aperçoit.) Ah ! nous parlions de vous, et nous en disions tout le bien qu’on en saurait dire.

Lycaste

Est-ce là monsieur… ?

Dorimène

Oui, c’est monsieur qui me prend pour femme.

Lycaste

Agréez, monsieur, que je vous félicite de votre mariage, et vous présente en même temps mes très humbles services. Je vous assure que vous épousez là une très honnête personne : et vous, mademoiselle, je me réjouis avec vous aussi de l’heureux choix que vous avez fait. Vous ne pouviez pas mieux trouver, et monsieur a toute la mine d’être un fort bon mari. Oui, monsieur, je veux faire amitié avec vous, et lier ensemble un petit commerce de visites et de divertissements.

Dorimène

C’est trop d’honneur que vous nous faites à tous deux. Mais allons, le temps me presse, et nous aurons tout le loisir de nous entretenir ensemble.




Scène XIII. — Sganarelle.


Sganarelle

Me voilà tout à fait dégoûté de mon mariage ; et je crois que je ne ferai pas mal de m’aller dégager de ma parole. Il m’en a coûté quelque argent ; mais il vaut mieux encore perdre cela que de s’exposer à quelque chose de pis. Tâchons adroitement de nous débarrasser de cette affaire. Holà !

(Il frappe à la porte de la maison d’Alcantor.)




Scène XIV. — Alcantor, Sganarelle.

Alcantor

Ah ! mon gendre, soyez le bienvenu !

Sganarelle

Monsieur, votre serviteur.