Aller au contenu

Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxx
J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

Harlay de Chanvalon, une requête datée du 17 février, dans laquelle elle rappelait que son mari avait demandé les sacrements avant de mourir, et qu’aux précédentes fêtes de Pâques. M. Bernard, prêtre habitué de l’église Saint-Germain, lui avait donné la communion. De plus, elle alla se jeter, à Versailles, aux pieds du roi, qui la reçut assez durement, mais qui n’en fit pas moins donner avis au prélat que la sépulture fût accordée. L’archevêque fit faire une enquête par l’official, pour s’assurer que Molière était mort, comme le disait sa veuve, « dans les sentiments d’un bon chrétien. » L’enquête fut favorable, et Harlay de Chanvalon rendit la décision suivante :

« Veu, etc., ayant aucunement esgard aux preuves résultantes de l’enqueste faicte par mon ordonnance, nous avons permis au sieur curé de Sainct-Eustache de donner la sépulture ecclésiastique au corps de défunct Molière dans le cimetière de la paroisse, à condition néanmoins que ce sera sans aucune pompe, et avec deux prestres seulement, et hors des heures du jour, et qu’il ne se fera aucun service solennel pour luy, ny dans la dicte paroisse Sainct-Eustache ny ailleurs, mesmes dans aucune église des réguliers, et que nostre présente permission sera sans préjudice aux règles du rituel de nostre église, que nous voulons estre observées selon leur forme et teneur. Donné à Paris ce

    davantage. Cependant, ajouta-t-il, allez dire à ma femme qu’elle monte. » Il resta assisté de deux sœurs religieuses, de celles qui viennent ordinairement à Paris quêter pendant le carême, et auxquelles il donnait l’hospitalité. Elles lui prodiguèrent, à ce dernier moment de sa vie, tout le secours édifiant que l’on pouvait attendre de leur charité, et il leur fit paraître tous les sentiments d’un bon chrétien et toute la résignation qu’il devait à la volonté du Seigneur. Enfin il rendit l’esprit entre les bras de ces deux bonnes sœurs ; le sang qui sortait en abondance par sa bouche l’étouffa. Ainsi, quand sa femme et Baton montèrent, ils le trouvèrent mort. »