avec ce grand philosophe de l’antiquité, que qui terre a, guerre a, et qu’un malheur ne vient jamais sans l’autre ! Je n’avais qu’une seule femme, qui est morte.
Et combien donc en vouliez-vous avoir ?
Elle est morte, monsieur Guillaume mon ami. Cette perte m’est très sensible, et je ne puis m’en ressouvenir sans pleurer. Je n’étais pas fort satisfait de sa conduite, et nous avions le plus souvent dispute ensemble ; mais enfin la mort rajuste toutes choses. Elle est morte ; je la pleure. Si elle était en vie, nous nous querellerions. De tous les enfants que le ciel m’avait donnés, il ne m’a laissé qu’une fille, et cette fille est toute ma peine ; car enfin je la vois dans une mélancolie la plus sombre du monde, dans une tristesse épouvantable, dont il n’y a pas moyen de la retirer, et dont je ne saurais même apprendre la cause. Pour moi, j’en perds l’esprit, et j’aurais besoin d’un bon conseil sur cette matière. Vous êtes ma nièce ; à Aminte. vous, ma voisine ; à monsieur Guillaume et à monsieur Josse. et vous, mes compères et mes amis : je vous prie de me conseiller tout ce que je dois faire.
Pour moi, je tiens que la braverie, que l’ajustement est la chose qui réjouit le plus les filles ; et, si j’étais que de vous, je lui achèterais, dès aujourd’hui, une belle garniture de diamants, ou de rubis, ou d’émeraudes.
Et moi ; si j’étais en votre place, j’achèterais une belle tenture de tapisserie de verdure, ou à personnages, que je ferais mettre dans sa chambre, pour lui réjouir l’esprit et la vue.
Pour moi, je ne ferais pas tant de façons, et je la marierais fort bien, et le plus tôt que je pourrais, avec cette personne qui vous la fit, dit-on, demander il y a quelque temps.
Et moi, je tiens que votre fille n’est point du tout propre pour le mariage. Elle est d’une complexion trop délicate et trop peu saine, et c’est la vouloir envoyer bientôt en l’autre monde,