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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/236

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Alceste
La cause ?


Dubois
La cause ? Il faut partir, monsieur, sans dire adieu.


Alceste
1445Mais par quelle raison me tiens-tu ce langage ?


Dubois
Par la raison, monsieur, qu’il faut plier bagage.


Alceste
Ah ! je te casserai la tête assurément,

Si tu ne veux, maraud, t’expliquer autrement.

Dubois
Monsieur, un homme noir et d’habit et de mine

1450Est venu nous laisser, jusque dans la cuisine,
Un papier griffonné d’une telle façon,
Qu’il faudrait, pour le lire, être pis que démon[1].
C’est de votre procès, je n’en fais aucun doute ;
Mais le diable d’enfer, je crois, n’y verrait goutte.

Alceste
1455Hé bien ! quoi ? Ce papier, qu’a-t-il à démêler,

Traître, avec le départ dont tu viens me parler ?

Dubois
C’est pour vous dire ici, monsieur, qu’une heure ensuite,

Un homme qui souvent vous vient rendre visite,
Est venu vous chercher avec empressement,
1460Et, ne vous trouvant pas, m’a chargé doucement,
Sachant que je vous sers avec beaucoup de zèle,
De vous dire… Attendez, comme est-ce qu’il s’appelle ?

Alceste
Laisse là son nom, traître, et dis ce qu’il t’a dit.


Dubois
C’est un de vos amis ; enfin cela suffit.

1465Il m’a dit que d’ici votre péril vous chasse,
Et que d’être arrêté le sort vous y menace.

Alceste
Mais quoi ! n’a-t-il voulu te rien spécifier ?


Dubois
Non. Il m’a demandé de l’encre et du papier,

Et vous a fait un mot, où vous pourrez, je pense,

  1. Variante : Il faudrait, pour le lire, être pis que démon.