Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ou bien pour un arrêt je prends votre refus :
1645Je saurai, de ma part, expliquer ce silence,
Et me tiendrai pour dit tout le mal que j’en pense.

Oronte
Je vous sais fort bon gré, monsieur, de ce courroux,

Et je lui dis ici même chose que vous.

Célimène
Que vous me fatiguez avec un tel caprice !

1650Ce que vous demandez a-t-il de la justice ?
Et ne vous dis-je pas quel motif me retient ?
J’en vais prendre pour juge Éliante, qui vient.



Scène 3

Éliante, Philinte, Célimène, Oronte, Alceste.


Célimène
Je me vois, ma cousine, ici persécutée

Par des gens dont l’humeur y paraît concertée.
1655Ils veulent l’un et l’autre, avec même chaleur,
Que je prononce entre eux le choix que fait mon cœur,
Et que, par un arrêt qu’en face il me faut rendre,
Je défende à l’un d’eux tous les soins qu’il peut prendre.
Dites-moi si jamais cela se fait ainsi.

Éliante
1660N’allez point là-dessus me consulter ici ;

Peut-être y pourriez-vous être mal adressée,
Et je suis pour les gens qui disent leur pensée.

Oronte
Madame, c’est en vain que vous vous défendez.


Alceste
Tous vos détours ici seront mal secondés.


Oronte
1665Il faut, il faut parler, et lâcher la balance.


Alceste
Il ne faut que poursuivre à garder le silence.


Oronte
Je ne veux qu’un seul mot pour finir nos débats.


Alceste
Et moi je vous entends si vous ne parlez pas.