Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/257

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Monsieur Robert

Compère, je vous demande pardon de tout mon cœur. Faites, rossez, battez comme il faut votre femme ; je vous aiderai si vous le voulez.

Sganarelle

Il ne me plaît pas, moi.

Monsieur Robert

Ah ! c’est une autre chose.

Sganarelle

Je la veux battre, si je le veux ; et ne la veux pas battre, si je ne le veux pas.

Monsieur Robert

Fort bien.

Sganarelle

C’est ma femme et non pas la vôtre.

Monsieur Robert

Sans doute.

Sganarelle

Vous n’avez rien à me commander.

Monsieur Robert

D’accord.

Sganarelle

Je n’ai que faire de votre aide.

Monsieur Robert

Très volontiers.

Sganarelle

Et vous êtes un impertinent de vous ingérer des affaires d’autrui. Apprenez que Cicéron dit qu’entre l’arbre et le doigt il ne faut point mettre l’écorce.

(Il le chasse ; ensuite il revient vers sa femme et lui dit en lui pressant la main.)


Scène 3

Sganarelle, Martine.
Sganarelle

Oh çà ! faisons la paix nous deux. Touche là.

Martine

Oui, après m’avoir ainsi battue !

Sganarelle

Cela n’est rien. Touche.

Martine

Je ne veux pas.