Oui.
Ont su toucher d’amour Éroxène et Daphné ?
Oui.
Que pour l’obtenir leur ardeur est si grande,
Qu’ensemble elles en ont déjà fait la demande ?
Et que, dans ce débat, elles ont fait dessein
De passer, dès cette heure, à recevoir sa main ?
Ah ! que tes mots ont peine à sortir de ta bouche !
Et que c’est foiblement que mon souci te touche !
Mais quoi ? que voulez-vous ? C’est là la vérité,
Et vous redites tout comme je l’ai conté[1].
Mais comment Lycarsis reçoit-il cette affaire ?
Comme un honneur, je crois, qui doit beaucoup lui plaire.
Et ne vois-tu pas bien, toi qui sais mon ardeur,
Qu’avec ce mot, hélas ! tu me perces le cœur ?
Comment ?
- ↑ La première idée de cette scène se retrouve dans une comédie de Rotrou intitulée la Sœur :
…Si d’amour tu ressentois l’atteinte,
Tu plaindrois moins ces mots qui te coûtent si cher,
Et qu’avec tant de peine il te faut arracher ;
Et cette avare Écho, qui répond par ta bouche,
Seroit plus indulgente à l’ennui qui me touche.ERGASTE.
Comme on m’a tout appris, je vous l’ai rapporté,
Je n’ai rien oublié, je n’ai rien ajouté :
Que désirez-vous plus ? …
Mélicerte, pressée par la même impatience dit à Corinne :
Ah ! que les mots ont peine à sortir de ta bouche,
Et que c’est faiblement que mon souci te touche !
Quelques années après, Molière employa mieux cette idée, et s’en servit pour l’exposition des Fourberies de Scapin (Petitot.)