en, par un billet, par quelque bouche, elle fût avertie des sentiments qu’on a pour elle, et savoir les siens là-dessus. Après, on peut trouver facilement les moyens…
Hali
Laissez-moi faire seulement : j’en essayerai tant de toutes les manières, que quelque chose enfin nous pourra réussir. Allons, le jour paroît ; je vais chercher mes gens, et venir attendre, en ce lieu, que notre jaloux sorte.
Scène VI
Dom Pèdre, Isidore
Isidore
Je ne sais pas quel plaisir vous prenez à me réveiller si matin ; cela s’ajuste assez mal, ce me semble, au dessein que vous avez pris de me faire peindre aujourd’hui ; et ce n’est guère pour avoir le teint frais et les yeux brillants que se lever ainsi dès la pointe du jour.
Dom Pèdre
J’ai une affaire qui m’oblige à sortir à l’heure qu’il est.
Isidore
Mais l’affaire que vous avez eût bien pu se passer, je crois, de ma présence ; et vous pouviez, sans vous incommoder, me laisser goûter les douceurs du sommeil du matin.
Dom Pèdre
Oui ; mais je suis bien aise de vous voir toujours avec moi. Il n’est pas mal de s’assurer un peu contre les soins des surveillants ; et cette nuit encore, on est venu chanter sous nos fenêtres.
Isidore
Il est vrai ; la musique en étoit admirable.
Dom Pèdre
C’étoit pour vous que cela se faisoit ?
Isidore
Je le veux croire ainsi, puisque vous me le dites.
Dom Pèdre
Vous savez qui étoit celui qui donnoit cette sérénade ?
Isidore
Non pas ; mais, qui que ce puisse être, je lui suis obligée.
Dom Pèdre
Obligée !
Isidore
Sans doute, puisqu’il cherche à me divertir.
Dom Pèdre