Ce procédé détruit la vertu du contrat ;
Et sa déloyauté va paraître trop noire,
Pour souffrir qu’il en ait le succès qu’on veut croire.
Scène 6
Mais je m’y vois contraint par le pressant danger.
Un ami, qui m’est joint d’une amitié fort tendre,
Et qui sait l’intérêt qu’en vous j’ai lieu de prendre,
A violé pour moi, par un pas délicat,
Le secret que l’on doit aux affaires d’État,
Et me vient d’envoyer un avis dont la suite
Vous réduit au parti d’une soudaine fuite.
Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer
Depuis une heure au prince a su vous accuser,
Et remettre en ses mains, dans les traits qu’il vous jette,
D’un criminel d’État l’importante cassette,
Dont, au mépris, dit-il, du devoir d’un sujet,
Vous avez conservé le coupable secret.
J’ignore le détail du crime qu’on vous donne[1] ;
Mais un ordre est donné contre votre personne ;
Et lui-même est chargé, pour mieux l’exécuter,
D’accompagner celui qui vous doit arrêter.
De vos biens qu’il prétend cherche à se rendre maître.
J’ai, pour vous emmener, mon carrosse à la porte,
Avec mille louis qu’ici je vous apporte.
Ne perdons point de temps : le trait est foudroyant ;
Et ce sont de ces coups que l’on pare en fuyant.
À vous mettre en lieu sûr je m’offre pour conduite,
Et veux accompagner, jusqu’au bout, votre fuite.
- ↑ Qu’on vous attribue. C’est un latinisme, dare crimen alicui.