Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/507

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ce retour qui m’est faussement imputé.
Après, nous percerons jusqu’au fond d’un mystère
Jusques à présent inouï ;
Et dans les mouvements d’une juste colère,
Malheur à qui m’aura trahi !

Sosie
Monsieur.

Amphitryon
Monsieur. Ne m’accompagne pas,
Et demeure ici pour m’attendre.

Cléanthis
Faut-il ?

Alcmène
Faut-il ? Je ne puis rien entendre.
Laisse-moi seule, et ne suis point mes pas.
Scène 3
Cléanthis, Sosie.

Cléanthis
Il faut que quelque chose ait brouillé sa cervelle ;
Mais le frère sur-le-champ
Finira cette querelle.

Sosie
C’est ici, pour mon maître, un coup assez touchant,
Et son aventure est cruelle.
Je crains fort pour mon fait quelque chose approchant,
Et je m’en veux tout doux éclaircir avec elle.

Cléanthis
Voyez s’il me viendra seulement aborder !
Mais je veux m’empêcher de rien faire paraître.

Sosie
La chose quelquefois est fâcheuse à connaître,
Et je tremble à la demander.
Ne vaudrait-il point mieux, pour ne rien hasarder,
Ignorer ce qu’il en peut être ?
Allons, tout coup vaille, il faut voir,
Et je ne m’en saurais défendre.
La faiblesse humaine est d’avoir
Des curiosités d’apprendre
Ce qu’on ne voudrait pas savoir.
Dieu te gard’, Cléanthis !

Cléanthis
Dieu te gard’, Cléanthis ! Ah ! ah !