Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/539

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Je n’y vois pour ta flamme aucun lieu de murmure ;
Et c’est moi, dans cette aventure,
Qui, tout dieu que je suis, dois être le jaloux.
Alcmène est toute à toi, quelque soin qu’on emploie ;
Et ce doit à tes feux être un objet bien doux
De voir que pour lui plaire il n’est point d’autre voie
Que de paraître son époux,
Que Jupiter, orné de sa gloire immortelle,
Par lui-même n’a pu triompher de sa foi,
Et que ce qu’il a reçu d’elle
N’a par son cœur ardent été donné qu’à toi.

Sosie
Le Seigneur Jupiter sait dorer la pilule.

Jupiter
Sors donc des noirs chagrins que ton cœur a soufferts,
Et rends le calme entier à l’ardeur qui te brûle :
Chez toi doit naître un fils qui, sous le nom d’Hercule,
Remplira de ses faits tout le vaste univers.
L’éclat d’une fortune en mille biens féconde
Fera connaître à tous que je suis ton support,
Et je mettrai tout le monde
Au point d’envier ton sort.
Tu peux hardiment te flatter
De ces espérances données ;
C’est un crime que d’en douter :
Les paroles de Jupiter
Sont des arrêts des destinées.

Il se perd dans les nues.

Naucratès
Certes, je suis ravi de ces marques brillantes.

Sosie
Messieurs, voulez-vous bien suivre mon sentiment ?
Ne vous embarquez nullement
Dans ces douceurs congratulantes :
C’est un mauvais embarquement,