Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/589

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morte, il n’y aura personne qui mette en doute que ce ne soit vous qui m’aurez tuée ; et mes parents ne sont pas gens assurément à laisser cette mort impunie, et ils en feront sur votre personne toute la punition que leur pourront offrir et les poursuites de la justice, et la chaleur de leur ressentiment. C’est par là que je trouverai moyen de me venger de vous, et je ne suis pas la première qui ait su recourir à de pareilles vengeances, qui n’ait pas fait difficulté de se donner la mort pour perdre ceux qui ont la cruauté de nous pousser à la dernière extrémité.

George Dandin
Je suis votre valet. On ne s’avise plus de se tuer soi-même, et la mode en est passée il y a longtemps.

Angélique
C’est une chose dont vous pouvez vous tenir sûr ; et si vous persistez dans votre refus, si vous ne me faites ouvrir, je vous jure que tout à l’heure je vais vous faire voir jusques où peut aller la résolution d’une personne qu’on met au désespoir.

George Dandin
Bagatelles, bagatelles. C’est pour me faire peur.

Angélique
Hé bien ! puisqu’il le faut, voici qui nous contentera tous deux, et montrera si je me moque. Ah c’en est fait. Fasse le Ciel que ma mort soit vengée comme je le souhaite, et que celui qui en est cause reçoive un juste châtiment de la dureté qu’il a eue pour moi !

George Dandin
Ouais ! Serait-elle bien si malicieuse que de s’être tuée pour me faire pendre ? Prenons un bout de chandelle pour aller voir.

Angélique