fait l’honneur de me tenir pour son ami, prend confiance en moi, et me donne une bague à garder pour l’amour de lui. (À monsieur de Pourceangnac.) Oui, je trouve que je puis vous dire les choses sans blesser ma conscience : mais tâchons de vous les dire le plus doucement qu’il nous sera possible, et d’épargner les gens le plus que nous pourrons. De vous dire que cette fille-là mène une vie déshonnête, cela seroit un peu trop fort. Cherchons, pour nous expliquer, quelques termes plus doux. Le mot de galante aussi n’est pas assez : celui de coquette achevée me semble propre à ce que nous voulons, et je m’en puis servir pour vous dire honnêtement ce qu’elle est.
L’on me veut donc prendre pour dupe.
Peut-être, dans le fond, n’y a-t-il pas tant de mal que tout le monde croit ; et puis il y a des gens, après tout, qui se mettent au-dessus de ces sortes de choses, et qui ne croient pas que leur honneur dépende…
Je suis votre serviteur ; je ne me veux point mettre sur la tête un chapeau comme celui-là ; et l’on aime à aller le front levé dans la famille des Pourceaugnac.
Voilà le père.
Ce vieillard-là ?
Oui. Je me retire.
Scène V.
Bonjour, monsieur, bonjour.
Serviteur, monsieur, serviteur.
Vous êtes monsieur Oronte, n’est-ce pas ?
Oui.