Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/185

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vous faites, à moins d’avoir en tête quelque chose qui embarrasse.

SOSTRATE.

Que voudrais-tu que j’y pusse avoir ?

CLITIDAS.

Ouais, je ne sais d’où cela vient, mais il sent ici l’amour : ce n’est pas moi. Ah, par ma foi ! c’est vous.

SOSTRATE.

Que tu es fou, Clitidas !

CLITIDAS.

Je ne suis point fou, vous êtes amoureux : j’ai le nez délicat, et j’ai senti cela d’abord.

SOSTRATE.

Sur quoi prends-tu cette pensée ?

CLITIDAS.

Sur quoi ? Vous seriez bien étonné si je vous disais encore de qui vous êtes amoureux.

SOSTRATE.

Moi ?

CLITIDAS.

Oui. Je gage que je vais deviner tout à l’heure celle que vous aimez. J’ai mes secrets aussi bien que notre astrologue, dont la Princesse Aristione est entêtée ; et, s’il a la science de lire dans les astres la fortune des hommes, j’ai celle de lire dans les yeux le nom des personnes qu’on aime. Tenez-vous un peu, et ouvrez les yeux. É, par soi, é ; r, i, ri, éri ; p, h, i, phi, ériphi ; l, e, le : Ériphile. Vous êtes amoureux de la Princesse Ériphile.

SOSTRATE.

Ah ! Clitidas, j’avoue que je ne puis cacher mon trouble, et tu me frappes d’un coup de foudre.

CLITIDAS.

Vous voyez si je suis savant ?

SOSTRATE.

Hélas ! si, par quelque aventure, tu as pu découvrir le secret de mon cœur, je te conjure au moins de ne le révéler à qui que ce soit, et surtout de le tenir caché à la belle Princesse dont tu viens de dire le nom.

CLITIDAS.

Et sérieusement parlant, si dans vos actions j’ai bien pu connaître,