Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/189

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ARISTIONE.

Et Clitidas a-t-il vu cela ?

CLITIDAS.

Oui, Madame, mais du rivage.

ARISTIONE.

Et pourquoi du rivage ?

CLITIDAS.

Ma foi ! Madame, j’ai craint quelqu’un des accidents qui arrivent d’ordinaire dans ses confusions. Cette nuit, j’ai songé de poisson mort, et d’œufs cassés, et j’ai appris du seigneur Anaxarque que les œufs cassés et le poisson mort signifient malencontre.

ANAXARQUE.

Je remarque une chose : que Clitidas n’aurait rien à dire s’il ne parlait de moi.

CLITIDAS.

C’est qu’il y a tant de choses à dire de vous, qu’on n’en saurait parler assez.

ANAXARQUE.

Vous pourriez prendre d’autres matières, puisque je vous en ai prié.

CLITIDAS.

Le moyen ? Ne dites-vous pas que l’ascendant est plus fort que tout ? et s’il est écrit dans les astres que je sois enclin à parler de vous, comment voulez-vous que je résiste à ma destinée ?

ANAXARQUE.

Avec tout le respect, Madame, que je vous dois, il y a une chose qui est fâcheuse dans votre cour, que tout le monde y prenne liberté de parler, et que le plus honnête homme y soit exposé aux railleries du premier méchant plaisant.

CLITIDAS.

Je vous rends grâce de l’honneur.

ARISTIONE.

Que vous êtes fou de vous chagriner de ce qu’il dit !

CLITIDAS.

Avec tout le respect que je dois à Madame, il y a une chose qui m’étonne dans l’astrologie : comment des gens qui savent tous les secrets des Dieux, et qui possèdent des connaissances