Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/193

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TIMOCLÈS.

C’est pour moi un mystère impénétrable.

ARISTIONE.

La pudeur peut-être l’empêche de s’expliquer à vous et à moi : servons-nous de quelque autre pour découvrir le secret de son cœur. Sostrate, prenez de ma part cette commission, et rendez cet office à ces Princes, de savoir adroitement de ma fille vers qui des deux ses sentiments peuvent tourner.

SOSTRATE.

Madame, vous avez cent personnes dans votre cour sur qui vous pourriez mieux verser l’honneur d’un tel emploi, et je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi.

ARISTIONE.

Votre mérite, Sostrate, n’est point borné aux seuls emplois de la guerre : vous avez de l’esprit, de la conduite, de l’adresse, et ma fille fait cas de vous.

SOSTRATE.

Quelque autre mieux que moi, Madame,

ARISTIONE.

Non, non ; en vain vous vous en défendez.

SOSTRATE.

Puisque vous le voulez, Madame, il vous faut obéir ; mais je vous jure que, dans toute votre cour, vous ne pouviez choisir personne qui ne fût en état de s’acquitter beaucoup mieux que moi d’une telle commission.

ARISTIONE.

C’est trop de modestie, et vous vous acquitterez toujours bien de toutes les choses dont on vous chargera. Découvrez doucement les sentiments d’Ériphile, et faites-la ressouvenir qu’il faut se rendre de bonne heure dans le bois de Diane.



Scène III

’(IPHICRATE, TIMOCLÈS, CLITIDAS, SOSTRATE}}

IPHICRATE.

Vous pouvez croire que je prends part à l’estime que la Princesse vous témoigne.

TIMOCLÈS.