Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/225

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sans défense demeurait exposée à la furie de la bête, lorsque Sostrate a paru, comme si les Dieux l’eussent envoyé.

ÉRIPHILE.

Hé bien ! Clitidas ?

CLITIDAS.

Si mon récit vous ennuie, Madame, je remettrai le reste à une autre fois.

ÉRIPHILE.

Achève promptement.

CLITIDAS.

Ma foi ! c’est promptement, de vrai, que j’achèverai ; car un peu de poltronnerie m’a empêché de voir tout le détail de ce combat, et tout ce que je puis vous dire, c’est que, retournant sur la place, nous avons vu le sanglier mort, tout vautré dans son sang, et la Princesse pleine de joie, nommant Sostrate son libérateur et l’époux digne et fortuné que les Dieux lui marquaient pour vous. À ces paroles, j’ai cru que j’en avais assez entendu, et je me suis hâté de vous en venir, avant tous, apporter la nouvelle.

ÉRIPHILE.

Ah ! Clitidas, pouvais-tu m’en donner une qui me pût être plus agréable ?

CLITIDAS.

Voilà qu’on vient vous trouver.



Scène II

ARISTIONE, SOSTRATE, CLITIDAS, ÉRIPHILE
ARISTIONE.

Je vois, ma fille, que vous savez déjà tout ce que nous pourrions vous dire. Vous voyez que les Dieux se sont expliqués bien plus tôt que nous n’eussions pensé ; mon péril n’a guère tardé à nous marquer leurs volontés, et l’on connaît assez que ce sont eux qui se sont mêlés de ce choix, puisque le mérite tout seul brille dans cette préférence. Aurez-vous quelque répugnance à récompenser de votre cœur celui à qui je dois la vie, et refuserez-vous Sostrate pour époux ?

ÉRIPHILE.

Et de la main des Dieux, et de la vôtre, Madame, je ne puis rien recevoir qui ne me soit fort agréable.