Aller au contenu

Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
L’AVARE.

Harpagon

Et moi, je pourrois bien parler à ta barrette[1].

La Flèche

M’empêcherez-vous de maudire les avaricieux ?

Harpagon

Non ; mais je t’empêcherai de jaser et d’être insolent. Tais-toi.

La Flèche

Je ne nomme personne.

Harpagon

Je te rosserai si tu parles.

La Flèche

Qui se sent morveux, qu’il se mouche.

Harpagon

Te tairas-tu ?

La Flèche

Oui, malgré moi.

Harpagon

Ah ! ah !

La Flèche, montrant à Harpagon une poche de son justaucorps.

Tenez, voilà encore une poche : êtes-vous satisfait ?

Harpagon

Allons, rends-le-moi sans te fouiller[2].

La Flèche

Quoi ?

Harpagon

Ce que tu m’as pris.

La Flèche

Je ne vous ai rien pris du tout.

Harpagon

Assurément ?

La Flèche

Assurément.

Harpagon

Adieu. Va-t-en à tous les diables !

La Flèche, à part

Me voilà fort bien congédié[3].

  1. Dans le moyen âge, on appelait barrette le devant du chaperon à cause des pansements dont il était orné, et qui y formaient des barres ; parler à la barrette, en langage vulgaire, signifie laver la tête à quelqu’un, et même le frapper.
  2. Dans Plaute : Je ne veux pas te fouiller davantage, rends-le-moi.
  3. Dans Plaute, Strobile est congédié de la même manière : « Va-t-en où tu