Et d’un grand maître tireur d’armes, qui vient, avec ses battements de pied, ébranler toute la maison, et nous déraciner tous les carriaux de notre salle.
Taisez-vous, ma servante et ma femme.
Est-ce que vous voulez apprendre à danser pour quand vous n’aurez plus de jambes ?
Est-ce que vous avez envie de tuer quelqu’un ?
Taisez-vous, vous dis-je : vous êtes des ignorantes l’une et l’autre ; et vous ne savez pas les prérogatives de tout cela.
Vous devriez bien plutôt songer à marier votre fille, qui est en âge d’être pourvue.
Je songerai à marier ma fille quand il se présentera un parti pour elle ; mais je veux songer aussi à apprendre les belles choses.
J’ai encore ouï dire, madame, qu’il a pris aujourd’hui, pour renfort de potage, un maître de philosophie.
Fort bien. Je veux avoir de l’esprit, et savoir raisonner des choses parmi les honnêtes gens.
N’irez-vous point, l’un de ces jours, au collège, vous faire donner le fouet, à votre âge ?
Pourquoi non ? Plût à Dieu l’avoir tout à l’heure, le fouet, devant tout le monde, et savoir ce qu’on apprend au collège[1] !
Oui, ma foi, cela vous rendroit la jambe bien mieux faite.
Sans doute.
Tout cela est fort nécessaire pour conduire votre maison !
- ↑ « La sotte chose qu’un vieillard abécédaire ! On peut continuer en tout temps l’estude, non pas l’escholage. » (Montaigne.)